Le nouveau cahier des charges pour les repas dans les écoles communales d’Ixelles, adopté lors du Conseil communal de mars dernier, est rétrograde et effrayant : faible qualité des repas, pas d’interdiction des pesticides et des OGM, sur-consommation de viande, favoritisme à l’agriculture industrielle et aux grandes entreprises de fabrication de repas, pas de soutien à la production locale, aucune préoccupation du bien être animal…

Un réquisitoire dressé par les conseillers ECOLO Catherine Rousseau et Bertrand Wert.

« Nos enfants nous accuseront« . Sorti en 2008, ce documentaire français a marqué une prise de conscience des responsables politiques vis-à-vis de la qualité des repas servis en collectivité. Pas à Ixelles !

En effet, la majorité vient de voter un mauvais cahier de charges pour le marché des repas scolaires pour les deux prochaines années avec la possibilité de reconduire ce marché pour deux années supplémentaires. 4 années donc – et combien d’enfants ? – qui seront impactés par ces choix sans aucune ambition. Et cela, pour la coquète somme de 2.300.000 euros !

Pourtant, chacun sait combien la qualité de l’alimentation influence la santé, la croissance, le bien-être et les capacités d’apprentissage et d’attention des enfants. En outre, pour de très nombreux enfants, le repas pris à l’école est le seul repas chaud de la journée.

Or, la qualité ne s’arrête pas à l’équilibre nutritionnel mais englobe l’absence de résidus de pesticide, la variété, le goût, le bien-être animal, la protection de l’environnement, le respect des droits des travailleurs. Autant de critères oubliés à Ixelles.

Quelques exemples :

  • Les additifs sont interdits mais pas les résidus de pesticides.
  • Des alternatives halal sont prévues en matière de viande mais pas les options végétariennes qui conviendraient à tous.
  • Le bien-être animal est essentiellement précisé en matière d’aliment qui doit être à base de céréales et ne pas contenir de farine de poisson. Mais rien n’est dit en matière d’OGM ; il est dès lors quasi-certain que nos enfants sont nourris de viande produite avec des OGM.
  • Les bovins doivent être élevés sur prairie ou sur paille ; rien n’est précisé pour les cochons – Pauvres cochons !
  • Aucun critère ne concerne les poissons, alors que de nombreuses espèces sont menacées d’extinction et que, par ailleurs, nos pêches locales d’eau douce ou de de pisciculture auraient bien besoin d’être encouragées.
  • En matière de durabilité : 3 menus par an intégrant un produit bio et/ou un produit équitable, 3 menus sans viande par mois, 3 menus intégrant des légumes de producteurs locaux … des exigences extrêmement faibles en regard de ce qui est fait dans d’autres communes et collectivités.

Par ailleurs, aucune technique relative aux marchés publics permettant l’innovation en matière de qualité n’a été retenue. Les variantes qui permettent à l’entreprise – le soumissionnaire – de faire des propositions innovantes est interdit.

La technique de « l’allotissement », c’est à dire la présentation du marché en lots pour permettre à des entreprises de plus petite taille d’y répondre, n’a pas été choisie. Ainsi les entreprises qui répondront, devront le faire pour la totalité des services et de la somme du marché public,. Un cadeau fait aux plus grandes entreprises du secteur…

Finalement, nous regrettons aussi que, sur une question aussi sensible et chère aux parents d’élèves, les Associations de Parents d’Elèves (APE) ixelloises n’aient pas été associées en amont, comme cela se fait avec grand succès à Gand par exemple ou ailleurs en Belgique et en Europe.

Les conseillers Catherine Rousseau et Bertrand Wert sont scandalisés : « Comment la Commune peut-elle rater une telle occasion quand il existe tant d’outils pour soutenir l’élaboration de cahiers de charges plus ambitieux ? Notamment, le cahier de charges modèle publié par la Fédération Wallonie-Bruxelles ou les nombreux outils « Cantines durables » mis à disposition gratuitement par Bruxelles Environnement.

Comment la Commune peut-elle avoir déjà oublié qu’elle soutenu la motion introduite par ECOLO soutenant l’insertion ce critères sociaux, éthiques et environnementaux dans les marchés publics ? »

Une occasion ratée et des enfants qui trinqueront. Alors nous demandons : c’est quand « Demain » ?

illustrations prétextes (c) consoglobe.com, veganimpact.com, equipements-de- cuisine.eu