Motion pour s'opposer aux visites domiciliaires décidées par l'Arizona

Publié le 24 septembre 2025
Rédigé par 
EcoloXL

Au Conseil communal de rentrée du 4 septembre, vos élues et élus écologistes ont posé 6 questions au Collège mais surtout, ont déposé à l’initiative d’Anaïs Camus et fait adopté une motion pour interdire les visites domiciliaires, cette mesure liberticide décidée par le gouvernement Arizona, et soutenue par le MR et les Engagés

Cette motion invite l’assemblée ici présente à envoyer un message clair aux différents gouvernements, et notamment au gouvernement fédéral : renoncer à la loi autorisant les visites domiciliaires. Pour rappel, cette loi permet aux forces de l’ordre d’entrer chez des particuliers soupçonnés d’héberger des réfugiés.
Nous vous invitons bien évidemment à soutenir cette motion. Et pour vous en expliquer les raisons, je vais vous raconter quelques histoires.
Maria a fui le Congo, parce qu’elle y était en danger. Elle arrive à Bruxelles enceinte, avec une petite fille de 18 mois dans les bras. Terrifiée à l’idée de dormir dans la rue, elle est heureusement hébergée par une famille avenue Buyl, une famille très gentille. Elle tombe amoureuse d’un Belge. Trompée et battue, elle aura un troisième enfant, belge cette fois. Grâce au regroupement familial, elle obtient un titre de séjour, des droits, un accès à une formation et même un emploi. Grâce au fonds du logement, Maria vient d’acheter un appartement. Son aînée a sa propre chambre pour la première fois. Vous auriez dû voir son regard qu’il a visité cet appartement : un sourire magnifique.

Amir, lui, a fui l’Afghanistan avec ses deux frères. Le plus jeune a glissé dans les montagnes, malgré la promesse d’Amir de le protéger. À la frontière turque, il est séparé de son grand frère. Il ne l’a jamais revu. Il garde pourtant espoir. En arrivant en Belgique, les médecins sont formels : d’après ses os, il est majeur. Lui, il jure qu’il n’aura 18 ans que le 20 mars. Après quelques nuits à dormir autour de la gare du Midi, il est hébergé par un propriétaire qui met sa maison en attente de rénovation à disposition, avenue Buyl. Il y rencontre cinq autres abîmés de la vie comme lui. Vous l’avez sûrement déjà croisé : Amir, c’est sûrement lui qui vous livre vos burgers ou vos pizzas lors de vos soirées flemme.

Anaïs – spoiler alert, ce n’est pas un nom d’emprunt – décide sur un coup de tête de partir vivre à Bruxelles. Elle s’installe au rond-point de l’Étoile, trouve un emploi. Après quelques années, elle prend la nationalité belge. Elle la prend parce qu’elle remplit les conditions, et parce que c’est un droit, un droit qui ne peut lui être refusé. Grâce à cela, ses enfants naîtront belges. Ils sont si belges qu’ils sont systématiquement contre l’équipe de France lors des compétitions sportives. Pourtant, c’est le pays d’origine de leurs deux parents. Un peu histoire de remercier son pays d’accueil, on dit même qu’Anaïs s’est mise à disposition de la commune pendant quelques années. Il faut dire qu’elle, a été bien accueillie.

Un grand philosophe a dit : « La vie est belle, le destin s’en écarte. Personne ne joue avec les mêmes cartes. Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu’il dévoile. Tant pis, on n’est pas né sous la même étoile. »

Normalement, l’État est là pour nous protéger face aux aléas du destin. C’est ce que dit notre Constitution. Dans le cas qui nous concerne, c’est même l’article 23 qui reconnaît le droit à un toit, et l’article 15 qui pose les limites exceptionnelles à l’inviolabilité du domicile privé.

Les lois européennes nous imposent d’accueillir les demandeurs d’asile et de leur fournir un toit sans discrimination. Pourtant, ce n’est pas le cas. La Belgique a été condamnée des milliers de fois pour non-respect de ses obligations, y compris par ses propres tribunaux.

Il paraît même que la Cour constitutionnelle des Pays-Bas a décidé de ne plus renvoyer les hommes seuls dublinés en Belgique, pour non-respect de leurs droits fondamentaux.

Et maintenant, on nous promet plutôt maintenant de « taper plus fort », « la politique migratoire la plus stricte jamais vue ». Ce qui est jamais vu, c’est le nombre de familles actuellement à la rue. Leur seul recours : des centres d’urgence pleins à craquer ou l’hébergement citoyen. Oui, le citoyen. Elle nous protège, il les héberge, elle les accueille.

Alors que le fédéral se débine et veut criminaliser la plus belle de nos valeurs – la solidarité – le ciment même de nos sociétés.

Devons-nous nous en étonner, quand ce même gouvernement piétine volontairement l’État de droit en ne respectant pas ses multiples condamnations ?

Déjà en 2018, le gouvernement avait essayé de nous faire avaler la pilule. La résistance avait été efficace. On nous dit ici que le projet a évolué, que les garanties sont là. Mais à part quelques tentatives de précision, la menace envers nos droits et nos valeurs ne bouge pas.

Ici, on parle de mouvements migratoires, contraints ou choisis. On parle d’accueil. On parle d’êtres humains, comme vous et moi. Il ne faut pas se laisser berner en croyant qu’il s’agit de sécurité et que seuls quelques criminels ou terroristes seront concernés. Eux, on dispose déjà d’outils pour les arrêter.

Bref, ce soir, décidons de ne pas cautionner ce petit jeu inhumain. Et comme nous nous y sommes engagés dans cette même salle, restons fidèles à notre Constitution, aux lois du peuple belge.

Merci.