Politique policière du Collège dans le quartier Matonge

Publié le 3 mai 2007
Rédigé par 
webmaster

Une des grandes ruptures politiques qui a marqué la législature précédente concernait la politique d’ouverture menée dans le quartier Matonge. Le Collège a alors porté une approche des problèmes de sécurité qui mettait l’accent sur la prévention, le dialogue, le respect. Le groupe Ecolo reste fier de ce choix politique qui a vu la création de la cellule Matonge, l’implication des services du contrat de société, le dialogue avec les habitants, les jeunes et les familles, les commerçants remplacer une politique purement répressive, totalement inefficace de surcroît.. Cette approche radicalement nouvelle a permis la restauration d’un climat de confiance dont le Bourgmestre s’est réjoui, à juste titre, tout au long de la législature. Ce climat nouveau a aussi redonné légitimité et autorité aux policiers pour des interventions policières « classiques ».

Nous savons en effet qu’une politique préventive ne suffit malheureusement pas à faire disparaître la petite criminalité, les agressions et le trafic de drogue. Les opérations de contrôle restent donc bien nécessaires. Elles étaient redevenues légitimes aux yeux du quartier. Elles étaient par ailleurs jugées insuffisantes par les habitants de zones limitrophes vers lesquels très logiquement une certaine délinquance s’était déplacée et qui ont eu le sentiment d’être abandonnés.
Je pense en particulier à la rue Longue Vie souvent évoquée dans cette enceinte. Il n’est donc pas question ici de contester la lutte contre les trafics et agressions. Les conseillers qui siégeaient ici sous l’ancienne législature se souviendront de l’intervention qui nous a tous émus faite il y a un an et demi, au nom de l’association Magenta. Son porte-parole avait dit à la fois qu’il ne pouvait y avoir de zone de non-droit mais aussi que les victimes d’agressions devaient pouvoir oser déposer plainte sans craindre la police, comme c’était trop souvent le cas. En l’occurrence, il évoquait le traitement infligé aux victimes homosexuelles.

Ce qui m’amène à vous interpeller c’est un ensemble convergent de témoignages qui nous font craindre l’abandon de cette politique d’ouverture et percevoir la détérioration des relations entre les habitant, « usagers » de Matonge et la police.

Interpellation de mineurs licenciés de leur école avant la fin des cours pour cause de professeurs malades, interpellations musclées de jeunes qui ont le mauvais goût de courir pour attraper leur métro et que leur course rendrait suspects, maintien au commissariat de ces mineurs sans prévenir les parents. Maman demandant ce qui est reproché à ses enfants et qui est malmenée (opération menée samedi 14 avril dernier).

Je peux malheureusement allonger la liste des dérapages inquiétants vécus aussi par de simples témoins d’arrestations ou par des victimes allant porter plainte au commissariat. Grossièreté, abus de pouvoir: trop de témoignages font état de comportements peu policés, insultants ou humiliants. Sans parler de violences physiques. Certains policiers semblent oublier que l’usage de la contrainte est réglementé, même pour des personnes d’origine africaine, même pour des personnes qui ont déjà commis des délits.

Ces faits sont d’autant plus inquiétants que tous ceux qui en sont victimes ont en commun la couleur de la peau.

Affirmer vouloir lutter contre toutes les discriminations est vain, sinon pure hypocrisie si les pratiques sont discriminatoires et humiliantes. Mettre des moyens humains et financiers dans la médiation scolaire, dans des activités avec les adolescents, c’est fort bien mais ce travail est anéanti quand les mêmes adolescents qui ont tellement besoin de reconnaissance ont le sentiment d’être soupçonnés en permanence pour la simple couleur de leur peau. Vouloir responsabiliser les parents et créer des stages parentaux, c’est un message qui devient incompréhensible pour les parents qui cherchant à comprendre pourquoi leur enfant a été emmené au poste, se font au mieux dire qu’ils n’avaient qu’à les garder à la maison (un beau samedi estival) ou au pire se font insulter et sont retenus au poste eux-mêmes (l’un d’entre eux a été tabassé).
Savez-vous Monsieur le Bourgmestre, que des signatures de PV d’audition sont obtenus sous la menace, (de glisser un pacson dans la poche, que des enfants mineurs à qui rien n’est reproché doivent se dénuder, qu’une personne arrêtée et en cellule dans un de nos commissariats ixellois peut se faire tabasser par plusieurs policiers jusqu’au moment où heureusement un « supérieur » est passé par là. Et qu’une arrestation arbitraire peut in fine se terminer par une perte d’emploi.

Nous savons aussi que les policiers font un métier difficile, stressant, parfois dangereux; et la plupart d’entre eux font leur travail correctement. Ils ne méritent pas le discrédit que les bavures commises par certains jettent sur leur travail.

Je voudrais savoir ce qu’est devenu le projet pilote de la « cellule Matongé » et la nouvelle approche dont elle avait été porteuse avec ses formations spécifiques, notamment en matière de communication interculturelle, avec son souci d’impliquer les habitants et les familles par l’entremise du tissu associatif.

Anne Herscovici,
Chef de groupe Ecolo au Conseil Communal