CPAS d’Ixelles : un budget 2007 raisonnable, pour une réalité alarmante
La présidente du CPAS d’Ixelles, Anne HERSCOVICI, a présenté ce jeudi 23 novembre au Conseil communal le budget 2007 du CPAS. Un budget qualifié de «raisonnable» au vu d’une réalité de plus en plus difficile pour un nombre croissant d’ Ixellois-es.
Pour Mme Herscovici, «le budget 2007 est de plus raisonnables puisqu’il se traduit pour la Commune par une dotation moins élevée que celle du budget initial de 2006».
Cependant, la présidente du CPAS a exprimé son inquiétude face une réalité sociale de plus en plus dramatique et qui «inspire plus la colère que la raison».
En effet, malgré une légère baisse du nombre de bénéficiaires du Revenu d’Intégration, une partie de la population ixelloise se précarise de plus ne plus sous le coup de la hausse importante des loyers, l’instabilité du marché de l’emploi et des liens sociaux.
I – Un budget raisonnable
Le budget 2007 s’élève à 50.503.00 euros. Avec une dotation de 18.977.068 euros, la commune intervient pour 37,58% dans le budget total. L’Etat fédéral intervient à hauteur de 31,79% et la Région bruxelloise pour 4,41%.
Les dépenses de personnel représentent 41,8% du total des dépenses totales, tandis que celles de redistribution atteignent 48,7%. Les dépenses de fonctionnement se montent à 6%.
II – Evolution de l’aide sociale
La note de politique générale présente des données chiffrées sur l’évolution du nombre de dossiers suivis, sur la nature et le nombre des aides sociales apportées. Ces chiffres ne tiennent pas compte de ceux qui ne bénéficient pas d’aides en raison de leur statut illégal sur le territoire, ou parce qu’ils ne formulent pas de demandes par peur ou méconnaissance. La réalité de la pauvreté n’est donc saisie qu’en partie au départ des aides assurées par le CPAS.
1 – Les bénéficiaires du revenu d’intégration (RI) et de l’aide sociale équivalente sont en légère baisse. Entre 2005 et 2006, le nombre de dossiers « titulaires » est passé de 2240 à 2038. La pauvreté se déplace hors d’Ixelles à mesure de l’augmentation importante des loyers, notamment dans des quartiers populaires. La population a, d’ailleurs, diminué en 2005.
De nombreux travailleurs quittent, eux aussi, Ixelles. A cet égard, comme nous l’a rappelé la récente manifestation des agents communaux et des CPAS bruxellois il est urgent que la commune contribue, aux côtés de la Région, à une revalorisation barémique des salaires les plus bas.
La baisse du nombre de bénéficiaires du RI ne signifie pas que la charge de travail diminue. Au contraire, c’est grâce à l’amélioration sensible du nombre de travailleurs sociaux que le nombre de bénéficiaires a diminué.
Par ailleurs, le CPAS est confrontés à une croissance des demandes d’aides ponctuelles liées au logement, à la santé, à la fourniture d’énergie.
Par exemple en matière d’aide médicale, le nombre de titulaires de revenus (pensionnés, chômeurs, travailleurs à temps partiel) qui bénéficient d’une carte médicale est passé de 1485 à 1570 personnes. Quant à l’aide médicale urgente, la seule aide prévue par la loi organique pour les personnes en séjour illégal, elle est passée de 575 à 623 (seul indicateur chiffré de l’illégalité).
2 – Le CPAS joue un rôle important dans l’émancipation des jeunes femmes : 60% des étudiants aidés par le CPAS sont des étudiantes. Du reste, 80% des bénéficiaires du RI qui ont une famille à charge sont des femmes. Parmi les jeunes de 18 à 24 ans qui ont une famille à charge tous sont des femmes.
3 – Les conséquences du plan d’accompagnement des chômeurs – appelés aussi « chasse aux chômeurs » – se font dramatiquement sentir puisque les chômeurs suspendus viennent frapper à la porte des CPAS. Une fois de plus, il y a eu transfert de charges du fédéral vers le communal.
III – Les chantiers ouverts en 2006
– Connexion à la Banque Carrefour de la sécurité sociale (sans financement du fédéral).
– Arrêt de la Cour d’arbitrage qui a amené, pour la 3ème fois depuis mai 2002 une nouvelle modification des catégories d’aide. La législation est de plus en plus difficile à comprendre et à maîtriser par le personnel des CAPS, et tout à fait inintelligible pour les personnes aidées par les CPAS.
– Synchro, le suivi informatisé des créances hospitalières, est entrée en fonction en avril 2006 et devrait permettre de diminuer le contentieux avec les hôpitaux IRIS et le chiffre d’affaires des huissiers.
– Lancement de la nouvelle Résidence van Aa, malgré de nouvelles obligations légales qui bousculent le cahier de charges initial.
– Développement de la cellule logement, lutte contre les logements insalubres ; mise au point, en cours, d’un outil d’information aide au déménagement
– Logements de transit : concertation systématique entre les différents services régionaux, communaux, associatifs qui permet de mieux lutter contre les logements insalubres.
– Création de la Halte d’accueil « Les Nic Nacs », pour permettre aux femmes de se former et chercher du travail.
– Personnes âgées: mise en réseau en interne qui permet de renforcer le travail intergénérationnel, de faire profiter nos usagers des initiatives de la commune et de mieux lutter contre la solitude.
IV- Augmentation des loyers : le signal d’alarme
Le rapport entre les montants des revenus d’intégration, pension, petits salaires et les montants des loyers ne permet plus de mener une vie conforme à la dignité humaine. Beaucoup trop d’enfants vivent dans des conditions de logement qui affectent leurs résultats scolaires et leur santé comme celle de leurs parents. Des parents qui n’ont pas beaucoup d’autres choix pour survivre qu’endettement structurel ou travail en noir. Des pères ou des mères qui divorcés, ne peuvent assurer leur part de garde parce que leur logement est trop exigu pour accueillir les enfants. Des petits logements sont immobilisés par des domiciliations fictives qui permettent à des papas boîtes aux lettres d’améliorer un peu le revenu d’intégration. En attendant que leur séparation fictive ne devienne réelle.
Le CPAS n’a aucune prise sur les mécanismes qui produisent un taux de chômage dramatique, jusqu’à l’exclusion.
V – Les défis de demain
– Remboursement du RI à hauteur de 90%, afin de dégager les finances communales.
– Adaptation de la loi organique des CPAS, qui est issue des golden sixties, une période de plein emploi et de stabilité de l’emploi et de la famille.
– Soutenir l’insertion socioprofessionnelle d’usagers souvent découragés par un marché de l’emploi de plus en plus plus flexible.
– Mettre fin aux mécanismes qui pénalisent la cohabitation et les solidarités et qui incitent à des domiciliations fictives ou autres logements « boites aux lettres ». A quoi sert de dépenser des millions dans des projets qui doivent lutter contre la rupture du lien social si par ailleurs, ce lien est sanctionné financièrement pour les pauvres ?
– Energie et services : rester vigilant par rapport à la libéralisation des marchés de l’énergie et des services.
– Accroître la guidance sociale énergétique (conseils pour consommation rationnelle).
– Augmenter les protections contre le surendettement.
– Elaborer une politique cohérente et humaine pour les sans-papiers. La pratique qui consiste à tolérer la présence de personnes sans leur reconnaître ni le droit de travailler légalement, ni un véritable droit à l’aide sociale est inacceptable.
– Soutenir les assistants sociaux pour qu’il puissent faire un travail social de qualité. Assurer le respect du secret professionnel et cesser les dérives de contrôle à tort et à travers, avec multiplication des papiers demandés et délais de décision.
– Réduire l’empreinte écologique du CPAS par une meilleure gestion énergétique et une réduction des émissions de CO2. Diminuer les consommations ( papier etc…).
– Politique immobilière: poursuite des rénovations et acquisitions pour augmenter l’offre de logements (art. budgétaire : 650.000 euros)
– Créer ou renforcer les synergies avec les autres CPAS.
Contact
Anne HERSCOVICI (0478411584)