Conçu dans les années 1990 à l’emplacement de l’ancien Hôpital Militaire, le quartier de l’Aulne présente la particularité d’être mixte. On y trouve en effet des logements sociaux, moyens conventionnés et à prix libre ainsi qu’une barre de bureaux à front de l’avenue de la Couronne en partie occupé par la Police Fédérale. Ce quartier fait régulièrement l’objet de vives tensions. Après une courte période d’accalmie, la situation se dégrade à nouveau…

Le pavillon Rodin, vide depuis 10 ans !
En développant ce nouveau quartier très dense, les autorités ont malheureusementsous-estimé l’importance des espaces publics et des équipements collectifs, notamment pour créer du lien social. Le parc est visiblement trop petit et sur-occupé et il n’y a presqu’aucun équipement : pas de crèche, pas de plaine de jeu pour ados, pas de maison de jeunes, pas de centre culturel ou communautaire, très peu de commerces…
Fort de ce constat, en 2004 l’Echevin ECOLO Jean-François Vaes avait négocié avec le promoteur du site qu’il rénove (casco) et cède gratuitement un lieu qui pourrait assurer divers usages : le Pavillon Rodin. Or, aujourd’hui, près de 10 ans après la fin des travaux, ce bâtiment communal de 700m² sur 4 niveaux reste désespérément vide, et les récentes annonces d’austérité budgétaire laissent à penser qu’il pourrait être prochainement mis en vente !

Après les épisodes difficiles de 2009…

Durant la dernière mandature 2006-12, le quartier a connu des épisodes difficiles. Notamment au printemps 2009 où des heurts ont éclaté entre voisins nécessitant l’intervention des pompiers et de la police. Après plusieurs mois de forte tension, le calme est finalement revenu, grâce notamment à l’investissement de plusieurs habitants du quartier pour essayer de relancer les échanges entre habitants, en particulier en direction des jeunes.

…La réaction du Collège : l’ouverture d’une maison de quartier en 2012, et déjà quasi à l’arrêt en 2013

Dépassé par les évènements de 2009, le Collège a fini par inaugurer une maison de quartier en janvier 2012: « les Ateliers de l’Aulne ». Mais l’ouverture des Ateliers s’est faite sans association et appropriation des lieux par les habitants, notamment par les nombreux jeunes.

Par ailleurs, les diverses activités initiées, ateliers de danse, de chant, de jeux de société ont rapidement dû s’arrêter faute de moyens. On regrette aussi que l’antenne de médiation sociale n’ait pas été poursuivie. Seule l’activité de « kick-boxing » aux ateliers de l’Aulne a rencontré un franc succès. Malheureusement les services communaux n’ont pas su conserver l’animateur sportif. Au final, il ne reste donc plus que deux animateurs de rue permanents dans la Maison, et seule demeure l’activité de l’Ecole des devoirs en soirée la semaine, et un samedi sur deux un Groupe d’Achats Communs (GAC).
Depuis un an plusieurs éducateurs de rue ont quitté la maison et le service dont elle dépend. Même le coordinateur du projet a démissionné ! Les quelques éducateurs subsistant sont très inquiets de leur avenir professionnel dans le quartier de l’Aulne, puisqu’ils devraient être bientôt rapatriés rue Souveraine. On regrette donc, qu’un an seulement après l’ouverture de la Maison, son activité soit pratiquement à l’arrêt et que son avenir soit devenu fort incertain.

Des gardiens de parc abandonnés

On peut aussi regretter que les gardiens du parc Albert, qui jouent un rôle social essentiel pour la vie et la paix dans le quartier, souffrent d’une certaine démobilisation qui se ressent sur l’état du parc et de ses environs.
Mais comment ne pas les comprendre, quand on sait qu’ils attendent depuis 10 ans qu’un local digne de ce nom soit installé près de l’entrée du parc. La roulotte actuelle est fort dégradée, et les premiers sanitaires se situent à plus de 300 mètres de leur roulotte.

Depuis quelques mois la vie dans le quartier se détériore à nouveau

Aujourd’hui la situation semble de nouveau se dégrader : en témoignent les vols réguliers dans les caves et les parkings des résidences ; notamment pendant les récentes fêtes de fin d’année, ou bien les tags qui réapparaissent sur les murs et les halls d’entrée, particulièrement des logements sociaux, ou encore les vitres des locataires du Foyer ixellois brisées depuis plusieurs semaines, sans parler de la saleté ambiante, notamment impasse Saxe où les poubelles continuent à ne pas être régulièrement collectées.
Tout cela sous le morne, haut et gris regard des caméras de vidéosurveillance qui, d’une, vont bientôt passer à trois! Elles aident seulement à déplacer les problèmes.
L’exaspération ne cesse de monter chez les habitants du quartier ; en témoignent les quelques mots d’une habitante du quartier : « Le quartier et son parc n’ont aucun projet d’avenir. C’est comme si les autorités communales se contentaient avant tout de gérer, de mettre des rustines ici ou là en jouant aux pompiers. On se sent abandonné ».

Des questions et des promesses

A notre interpellation du Collège de janvier dernier sur le soutien à la vie sociale et culturelle (quasi inexistante) dans le quartier, notamment autour du comité de quartier toujours à l’arrêt, le (super) échevin en charge de l’emploi, la jeunesse, l’égalité des chances, la cohésion sociale et la prévention… nous a expliqué que beaucoup d’activités avaient été initiées dans les années passées mais abandonnées (exemple : espace parole pour conseils juridiques parentaux) du fait du faible taux de participation, ou bien encore du fait de l’opposition catégorique « des jeunes du quartier », comme avec le compost collectif qu’il était prévu d’installer square Verhaegen dans le cadre de l’agenda 21 communal. Nous nous demandons bien si ce sont à quelques jeunes du quartier de décider de l’installation d’un compost collectif, et cela démontre par ailleurs tout le travail à faire sur ces sujets auprès de tous les habitants du quartier!

Il a ajouté que des rencontres étaient prévues ces jours-ci avec les services communaux intervenants sur le quartier, mais aussi avec les habitants. Or, si rencontre il y a bien eu avec les habitants, seulement un tiers d’entre eux ont été invités, soit ceux des bâtiments sociaux. Cela alors que nous insistons sur le fait que le quartier est riche de ses différences, sociales ou culturelles, et que c’est avec tous les habitants que la Commune doit travailler en les rencontrant ensemble et non pas en reproduisant les différences entre les différents blocs d’immeubles!
Par ailleurs, sur l’avenir du projet des « Ateliers de l’Aulne » et sur le financement des actions socio-éducatives en direction des jeunes, la réponse apportée a été de dire que si la mise à disposition des locaux pour les habitants du quartier reste une priorité, à ce jour aucun service communal ne les gère aujourd’hui, même si un ou deux éducateurs de rue y passent au quotidien.

Finalement, concernant la stratégie de prévention et méthodologie d’action, il a confirmé que la présence d’éducateurs de rue cette dernière année n’a pas pu être assurée entraînant un manque de présence et de lien avec les jeunes, et qu’aujourd’hui les éducateurs doivent se concentrer sur l’intervention en rue, ou « zonage », et non pas sur l’animation socio-culturelle. Il a évoqué le projet de mise en place d’un projet de médiateurs de rue en soirée 18h00 à 4h00 du matin, « les anges d’Ixelles », qui aujourd’hui est sans moyen.
Par ailleurs, renvoyant la responsabilité à la COCOF il nous annonçait que les activités socio-culturelles, sportives et fêtes de quartier ne sont pas soutenues et financées directement.

Bertrand Wert
Conseiller communal ECOLO Ixelles