Le Conseil d’Etat a cassé le Plan Particulier d’Affectation du Sol qui devait encadrer l’urbanisation spéculative du site Ernotte à Boondael. C’est une excellente nouvelle. Un espace paysager exceptionnel, constitué de dizaines de potagers, est momentanément préservé. Nous espérons que dans 20 ans, on se dira « quand on pense qu’on a failli détruire ce patrimoine exceptionnel, ils étaient vraiment fous à cette époque ! ». 

En effet, le PPAS prévoyait de bétonner un espace d’agriculture urbaine remarquable, d’une rare biodiversité. Objectif : permettre le développement d’un projet immobilier spéculatif de logements de luxe pour renflouer les caisses de la Commune d’Ixelles. Vous entendez bien : ce n’est pas un promoteur véreux qui avait imaginé le projet mais bien un pouvoir public !

Malgré l’impact massif et évident sur l’environnement, la Commune a jugé qu’il ne fallait pas établir de Rapport sur les Incidences Environnementale. C’était scientifiquement et moralement indéfendable. Le Conseil d’Etat, saisi par les habitants et les « potagistes », a décidé que ça ne tenait pas la route juridiquement non plus.

ECOLO a toujours dénoncé les choix fait par la majorité MR-PS-Défi en apportant des propositions et des idées pour améliorer le projet et prendre en compte les demandes des riverains. Mais rien n’y a fait, la commune a décidé d’avancer tête baissée. Aujourd’hui elle ne peut que constater ses erreurs.

Pour la Commune spéculative, c’est une défaite cuisante et une humiliation. Pour les défenseurs de l’environnement, c’est une formidable opportunité de repenser le projet et sa gouvernance. En inversant la logique : en partant du site et de ses atouts.

Et maintenant ?

Le risque existe que la Commune rédige un Rapport sur les Incidences Environnementales en bonne et due forme et redépose l’horrible PPAS, sans tirer la moindre leçon de sa mésaventure.

Les élections approchent. C’est une occasion inespérée de poser les bases d’une toute autre vision pour le quartier. Si ECOLO était à la manœuvre, voici ce que nous ferions.

  • On repart à zéro. On n’essaye pas d’amender un mauvais projet.
  • On commence par rassembler tous les acteurs du quartier : potagistes, riverains, habitants des nouveaux logements et même la Commune voisine de Watermael-Boitsfort (Ixelles n’est pas une île) pour réfléchir, ensemble, aux qualités existantes et aux besoins du quartier.
  • Objectiver les qualité environnementales, agraires et paysagères du site grâce à un audit mené en collaboration avec Bruxelles Environnement et le milieu universitaire (ça tombe bien, on ne manque pas de facultés spécialisées en botanique et agronomie à Ixelles).
  • On imagine, ensemble, une vision pour le site. En élargissant le champ des besoins. On a certes besoin de logements publics à Ixelles mais aussi d’espaces de jeux, d’agriculture urbaine, de ruches, d’un lieu d’éducation à l’environnement à destination des écoles, etc.
  • On inverse la logique en élaborant un projet à partir des qualités paysagères du site. Du coup, les espaces verts constituent la base du projet (au contraire du PPAS où ils n’étaient plus que des espaces résiduels).
  • On lance un concours international d’idées auprès des architectes du paysage.
  • Tout au long du processus, on organise des ateliers participatifs : au début avant même de donner le premier coup de crayon, au milieu pour réfléchir ensemble avec les paysagistes et à la fin pour valider, ensemble, les orientations choisies.
  • On met en place un mode de gestion participatif du site, en partant des forces vives actuelles et des formidables énergies. Et en allant chercher les habitants qui aujourd’hui se sentent moins impliqués.

Demain, les villes prêtes au changement climatique seront des espaces agricoles !

Accompagner la croissance démographique, c’est certes construire des logements et des écoles à Bruxelles. Mais c’est aussi garantir une qualité de vie à ces nouveaux habitants en préservant les espaces verts et en offrant des espaces publics et des équipements de qualité.

Sauver les potagers Ernotte est important pour le quartier Boondael, aujourd’hui. Préserver des espaces agricoles en ville sera essentiel pour garantir une certaine autonomie alimentaire locale et de qualité à Bruxelles, demain. Les détruire, purement et simplement, ce serait être totalement aveugles face aux défis environnementaux qui nous attendent.

Pour Ecolo Ixelles,

Christos Doulkeridis, Député et Audrey Lhoest, Cheffe de groupe au Conseil communal d’Ixelles, têtes de liste aux prochaines élection communales

Un dossier suivi par Yves Rouyet, conseiller communal et Anne Herscovici, conseillère de CPAS, habitants de Boondael.

 

Illustrations : photos (c) Yves Rouyet, photo aérienne (c) Google, plan (c) PPAS Ernotte, carte d’affectation du sol