Ecolo-Groen vote contre le budget 2018 de la zone de police Bruxelles Capitale Ixelles
Audrey Lhoest, conseillère de police et cheffe de groupe Ecolo à Ixelles est intervenue pour le groupe Ecolo-Groen en conseil de police, elle détaille:
« Le groupe Ecolo-Groen a pris connaissance du budget 2018 et trouve inadmissible que celui-ci ait été présenté à la presse avant d’être discuté en conseil de police. Est-ce que le Collège de police a à ce point peur du débat et des instances démocratiques ? Nous le prenons en tout cas comme un manque de respect des conseillers et dès lors, des citoyens que nous représentons.
Pour en venir au budget…
Les dépenses et les recettes totales s’élèvent à 227.675.945 millions, dont 82.800.000,43 millions de recettes auxquelles il faut ajouter une intervention de la Ville de Bruxelles et de la commune d’Ixelles de 144.875.944,57 euros (boni 2016 compris).
Je souhaite :
- Remercier les services pour leur présentation claire et détaillée, cela facilite grandement le travail des conseillers ;
- Je me réjouis aussi de ce qu’une réflexion soit menée sur l’avenir du commissariat de Livourne. Sa situation doit profiter tant à la Ville de Bruxelles qu’à Ixelles.
Par contre, je vais un rien tempérer vos envolées lyriques dans la presse…Ainsi
1. Je continue à ne pas comprendre que l’on mène des politiques opposées au sein d’une même zone. Là où Bruxelles-Ville concrétise une augmentation de ses commissariats, Ixelles ferme la moitié de ses lieux d’accueil aux citoyens.
Va-t-on réellement voir davantage de policiers en rue à Ixelles ? J’aimerais le croire. Et pour me convaincre, pourriez-vous me dire quel dispositif est prévu à Ixelles en la matière (quelles unités, à quels endroits, sous quel mode, et quand) ?
2. J’en viens ensuite à l’objectif de notre zone de, je cite : « disposer d’un corps honnête et intègre » et je pense que bon nombre de policiers font en effet leur job comme il se doit.
Malheureusement, une poignée d’entre eux continue à jeter le discrédit sur l’ensemble de la profession, c’est regrettable, rappelons à nouveau ici que les policiers doivent faire preuve d’un comportement exemplaire.
Nous déplorons des faits tels que…
-La descente à l’asbl Aroma, qui ridiculise la police, j’y reviendrai ;
-Le possible dérapage dans le quartier de l’Aulne, où des jeunes auraient été frappés par des policiers (l’enquête est en cours) ;
-Les (trop) nombreux témoignages de personnes ayant subi un mauvais accueil dans les commissariats ou un traitement violent/dégradant lors d’interventions.
3. Par ailleurs, je reste sceptique quant à la politique menée en matière de placement de caméras.
Ainsi, je souhaiterais savoir si vous êtes désormais en mesure de présenter une analyse rigoureuse en termes de coût-bénéfice de ces dispositifs qui fleurissent désormais un peu partout. Pour rappel, les 5.000.000 millions d’investissement prévus pour 100 nouvelles caméras en 2018 s’ajoutent aux quelque 10.000.000 millions déjà consentis pour le placement de 300 caméras.
Si je ne doute pas que certaines caméras soient utiles, je ne peux, par contre, concevoir que de telles sommes soient investies aux frais des contribuables sans qu’une analyse et une évaluation sérieuses soient produites suite à l’utilisation du premier « lot » des 300 appareils mis en place.
4. Ensuite, bien que, contrairement à vous, mon groupe n’ait aucun relais au niveau d’un exécutif fédéral ou régional, je suis moi aussi très préoccupée par l’absence de refinancement de notre zone (de cela, curieusement, vous ne parlez pas dans la presse…). Et il est en effet urgent d’apporter une réponse durable à ce problème sous peine de ne jamais sortir du cercle infernal de l’augmentation démographique en lien avec les besoins humains et matériels supplémentaires.
Je note par contre un renfort d’inspecteurs de police dans le cadre de la lutte contre le radicalisme (+ 25) et là, je m’interroge avec ce que l’on fait des moyens supplémentaires et sur les conditions d’octroi de ces 25 agents.
Ainsi, je vous le demande : notre zone lutte-t-elle contre le radicalisme en décidant d’une descente à l’asbl Globe Aroma et en faisant enfermer deux personnes, un militant syndical et un artiste, qui n’ont rien de terroristes (faut-il le préciser), au centre 127bis, au motif d’avoir fréquenté un lieu en «infraction urbanistique» ?
Que lance comme signal une police qui fait une descente dans une Maison des Arts, ouverte, dynamique et créative, qui coopère avec le commissariat situé à quelques dizaines de mètres, qui est en lien avec BRAVVO (un service spécialisé dans la sécurité et la prévention) ainsi qu’avec beaucoup d’autres autorités?
Je m’interroge aussi sur la façon brutale dont les personnes ont été interpellées et me demande à quoi servent les nombreuses formations aux droits humains, à la diversité, aux discriminations?! Parce ce qu’il y a aussi la manière de faire.
Si on veut donner l’image d’une police efficace, qui investit ses deniers dans de véritables politiques de sécurité, je ne pense pas que c’est comme ceci que l’on doive travailler.
Ainsi, je cite : « Veiller et contribuer au respect et à la protection des droits et des libertés individuels ainsi qu’au développement démocratique de la société » (NDLR, fin de la citation), c’est ce que nous attendons de notre zone dans les faits et pas seulement en préambule du rapport sur le budget 2018.
5. Enfin, à deux jours de la Journée internationale des femmes, je souhaite souligner que des efforts doivent toujours être faits pour l’engagement de femmes au sein de la zone et pour leur accession à des fonctions à responsabilités, notamment au niveau des cadres moyens. Il est d’ailleurs assez parlant que ces données ne soient pas reprises dans le budget.
Ainsi, de façon à ce que nous gardions bien cette préoccupation en tête, je demande à ce que figurent désormais toutes les données utiles pour ce qui concerne la représentation en matière de genre dans le cadre de notre zone de police.
6. Je terminerais en regrettant que rien de significatif ne soit fait en matière d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. Et rien n’est entrepris pour que la charroi de la zone de police soit moins polluant et néfaste pour la santé des habitant·e·s de la zone. Nous nous réjouissons toutefois du timide développement des équipes de « bikers » fortement réclamées par Ecolo.
Pour toutes ces raisons, nous voterons contre le budget 2018. »