Chaussée de Waterloo : un projet mammouth inquiète les riverains et ECOLO

Publié le 8 avril 2017
Rédigé par 
ecoloxl

Le Delhaize « Molière » (quartier de la Bascule), va déménager. Il ne va pas très loin puisqu’il s’installera à l’emplacement d’un ancien garage situé sur le trottoir d’en face ! Du coup, il laisse libre son site actuel. Le promoteur Besix Red entend y développer un vaste projet résidentiel. Le hic ? Une trop grande densité, des constructions en intérieur d’îlot, des immeubles trop hauts et surtout trop profonds. Les riverains et commerçants sont inquiets et l’ont fait savoir durant l’enquête publique qui vient de s’achever le 31 mars. La Commission de concertation est prévue pour le 19 avril. Il va y avoir de l’ambiance !
Un dossier suivi par le conseiller communal Ecolo Yves Rouyet.

Une ancienne patinoire à roulette

Le supermarché Delhaize occupe une parcelle « traversante » qui relie la chaussée de Waterloo (n° 567) à la rue Léon Jouret. Le bâtiment n’est pas banal. Conçu comme skating en 1907, il est transformé en garage automobile en 1930 puis reconverti en grande surface commerciale en 1983. Les façades, d’inspiration classique, sont d’origine.

De part et d’autre de la parcelle, on trouve des alignements de petites maisons classiques bruxelloises R+2 avec jardin (rue Renier Châlon) et des immeubles de rapport R+5 de belle facture (place Charles Graux).

Delhaize Molière, vue aérienne, Google Maps

Un projet trop dense

Besix Red envisage de raser le site pour y construire le programme suivant :

  • 98 logements, 523 m² de commerce, un peu de bureau et 138 emplacements de parking.
  • La superficie plancher va passer de 7.780 m² à 12.670 m². Le P/S (surface plancher sur la superficie du terrain) passera de 1,63 à 2,83.
  • Un immeuble à appartements de 5 étages le long de la chaussée de Waterloo. La hauteur est excessive (les mitoyens font R+2 ou R+3) et ne respecte pas le Règlement Régional d’Urbanisme. La profondeur de la construction de 15m dépasse largement (de 7,5 m) la profondeur des maisons situées de part et d’autre. Résultat : des murs aveugles et une perte d’ensoleillement.
  • Un immeuble de 5 étages le long de l’étroite rue Léon Jouret. Le risque : création d’un effet canyon. Par ailleurs, mêmes critiques sur les murs aveugles et l’ensoleillement.
  • Création d’une venelle privée en intérieur d’îlot avec des habitations de part et d’autre.
    • Au nord-ouest : une rangée de 8 maisons, R+3, 12m de haut (pour 9m pour le mur du Delhaize actuel).
    • Au sud-est, une barre à appartements R+4.

Pour Yves Rouyet, conseiller communal qui suit le dossier, « le promoteur a la même attitude que mon papa quand on partait en vacances : il essayait absolument de bourrer au maximum le coffre de la petite R4. Mais à un moment, il devait se rendre à l’évidence, tout ne rentrerait pas. Un site urbain, aussi, a ses contraintes spatiales. Il faut savoir raison garder pour garantir la qualité de vie de l’îlot et des habitations existantes ».

Des constructions massives en intérieur d’îlot

Les constructions en intérieur d’îlot projetées posent une série de problèmes :

  • création de vis-à-vis malheureux avec l’arrière des maisons existantes et perte d’intimité ;
  • hauteur des constructions excessives avec, parfois, perte d’ensoleillement ;
  • jardins des nouvelles constructions très petits et, pour certains réalisés sur la dalle du parking,
  • faible perméabilisation du sol (il y a un progrès mais 83% du terrain restera imperméable !).

Une construction isolée exceptionnelle en intérieur d’îlot ne pose pas de problème majeur. Par contre, quand on implante un programme de dizaines de logements, on crée une densité d’activités (surtout en été) qui, malgré elles, participent à diminuer la quiétude de l’îlot.

Quand on habite le long d’une voirie inter-quartiers bruyante à fort trafic comme la chaussée de Waterloo, la compensation, c’est justement la tranquillité de l’intérieur d’îlot. Cœur d’îlot du côté duquel on peut, par exemple orienter les chambres des enfants.

En outre, la volonté régionale est d’améliorer et « verduriser » les intérieurs d’îlot. En particulier dans les quartiers centraux denses où les espaces verts publics sont plus rares.

Par ailleurs, les riverains et commerçants sont inquiets du chantier et des profondes fondations. Il faut impérativement exiger du demandeur une expertise des immeubles de l’îlot afin de faire jouer les assurances en cas d’apparition de fissures dans les murs.

Vive le logement nouveau… mais sans dégrader le logement existant

De manière générale, Ecolo encourage les projets de création de logements. Même s’il ne s’agit pas du tout, ici, de logement social ni même moyen. Cependant, il ne faut pas que ces nouveaux développements contribuent à dégrader la qualité de vie des logements existants.

Dans ce projet, il faut absolument revoir les gabarits, les profondeurs et la densité à la baisse.

Il faut en parallèle augmenter significativement la part de pleine terre en intérieur d’îlot.

Nous demandons que le Collège d’Ixelles rende un avis négatif, ce qui obligerait le demandeur à repasser en enquête publique avec un projet amélioré.

Nous demandons, enfin, qu’une part des logements créés soient dédié à des ménages à revenus moyen et modeste. Cela devrait être possible en mobilisant les charges d’urbanisme.

Delhaize Molière, Projet Besix Red, vue de la façade projetée chaussée de Waterloo 569
Delhaize Molière, projet Besix Red, plan général
Delhaize Molière, projet Besix Red, bâtiment projeté en intérieur d’îlot