La Commune veut éventrer la place Fernand Cocq pour y réaliser un parking souterrain.
Un tel chantier sera très pénible pour les riverains. Il est inutile, voire même néfaste, au projet de réaménagement de la place et il va contribuer à détériorer la mobilité dans le quartier. Argumentaire.
Un dossier suivi par Audrey Lhoest, Yves Rouyet au Conseil communal et Céline Delforge au Parlement bruxellois.

Préambule : oui, bien entendu, il faut réaménager la place Fernand Cocq et la rendre essentiellement piétonne.

Ecolo le dit depuis des années : la place Fernand Cocq est indigne d’une place communale, située dans un axe historique comme la chaussée d’Ixelles et parvis de l’Hôtel classé de la Malibran.
Conçue dans les années 80 par le Bourgmestre Demuyter comme un petit square introverti, uniquement agréable pour promener son chien et nourrir les pigeons, la place est dans un état lamentable. L’aulne central, symbole d’Ixelles, est mort depuis des années à force de servir de défouloir aux pitbulls du quartier ; la sculpture en bronze (« le puits aux lévrier ») est cassée, les bacs à arbres en pierre sont en partie détruits (les racines sont à nu !)…
Depuis 20 ans l’usage de la place à changé et s’est intensifié : Festival du Court métrage, Jazz Festival, Solidar’XL. Il faut impérativement la repenser, la réorganiser.

Un parking souterrain : la mauvaise idée

1) Un parking souterrain, c’est un chantier énorme et une place éventrée pendant des mois (voire des années en cas de mauvaises surprises). Les riverains et commerçants ont déjà beaucoup « payé » en termes de nuisances liées aux travaux chaussée d’Ixelles.

2) Pour réaliser le trou du parking, il est fort probable qu’on devra couper l’essentiel des arbres.

3) Un parking pour qui ?

• Si c’est pour les clients des commerces de la chaussée d’Ixelles, il existe des parkings à proximité, sous utilisés (Tulipe d’un côté de la chaussée d’Ixelles, Toison d’Or et Deux-Portes de l’autre). ECOLO demande un inventaire de l’occupation de ces parkings.
• Si c’est pour les mariages le samedi matin, on peut imaginer une dérogation pendant quelques heures (comme on le fait pour les livraisons). Les villes modernes imaginent de plus en plus un usage flexible de leur espace public.
• Si c’est pour les fonctionnaires communaux (comme le laisse penser la Bourgmestre dans la presse), il y a de quoi s’étonner. Car les agents ont des tarifs préférentiels dans le parking Tulipe. De plus, le nouveau projet de l’îlot communal prévoit un nouveau parking. Enfin, il serait temps que la Commune donne le bon exemple et réalise un plan de déplacements d’entreprise pour rationaliser l’utilisation de la voiture par les employés-navetteurs.

4) Créer un parking, c’est inciter les gens à utiliser la voiture et donc contribuer à engorger la chaussée d’Ixelles, la rue du Collège, la rue du Viaduc et toutes les autres petites voiries du quartier. Avec, à la clé, plus d’encombrements, de bruit et de pollution.

5) La place Fernand Cocq et la chaussée d’Ixelles sont très bien desservies par les transports publics. Le bus 71, qui est la principale ligne de la STIB, va être renforcé et transformé en Bus à Haut Niveau de Service, sorte de tram-bus. Par ailleurs, la chaussée d’Ixelles est accessible par le métro Porte de Namur. Il faut au contraire encourager l’usage de ces transports.

6) La place Fernand Cocq n’est pas très grande et a une forme en triangle assez difficile. Dès lors, on aurait beaucoup de nuisance pour un nombre de places assez limité. Sauf si on réalise un parking-silo à plusieurs niveaux. Mais dans ce cas, le chantier serait encore plus long, voire dangereux pour la stabilité des immeubles riverains.

7) Qui dit parking souterrain, dit trémies d’accès, cages d’ascenseurs, escalier et cheminée d’évacuation des gaz d’échappement.
Une trémie, c’est toujours une balafre dans un espace public. Quelque soit la superficie de la place, la trémie a toujours les mêmes dimensions (environ 140 m²). Son impact est d’autant plus grand que l’espace est petit. Donc une trémie est beaucoup moins dérangeante place Flagey (qui fait 1,5 ha) que place Fernand Cocq, 5 fois plus petite !

8) Quel manque d’organisation et de coordination ! Il est urgent que la Région et la Commune se parlent et présentent aux Ixellois des projets cohérents. Alors que la place fait partie du projet de semi-piétonnisation de la chaussée d’Ixelles discuté depuis des mois avec les riverains, jamais ce projet de parking n’a été évoqué. Ce rajout de dernière minute improvisé serait-il symptomatique de dissensions au sein du Collège autour du projet ? Une partie de la majorité commencerait-elle à paniquer à l’idée de perdre quelques places de stationnement ?

Face à ce flou artistique inquiétant, les conseillers Ecolos Audrey Lhoest (qui habite chaussée d’Ixelles) et Yves Rouyet interrogeront le Collège d’Ixelles lors du prochain Conseil communal. De son côté, la Députée Céline Delforge ne manquera pas de poser quelques questions au Ministre régional de la Mobilité en commission Infrastructure.

illustration en tête d’article : un chantier de parking, c’est souvent de mauvaises surprises. Ici le parking des Brotteaux à Lyon, à l’arrêt pendant de nombreux mois pour infiltrations d’eau…