La Commune d’Ixelles vient d’adopter un Plan d’urbanisme (PPAS) qui prévoit la destruction des derniers potagers du quartier Boondael. Objectif : faire de la spéculation immobilière en rendant les terrains communaux constructibles afin de les vendre à des promoteurs. Ceux-ci y construiront essentiellement du logement de luxe !
Le Groupe Ecolo s’y est opposé lors du Conseil communal du 28 janvier 2016.
Un dossier défendu par les conseillers Catherine Rousseau et Yves Rouyet


Au lendemain de la Cop 21, alors qu’à Ixelles les salles du cinéma Vendôme où l’on projette le film « Demain » sont pleines chaque soir, la Commune d’Ixelles a adopté ce jeudi 28 janvier 2016 un Plan Particulier d’Affectation du Sol (PPAS) pour le quartier Boondael-Ernotte d’une époque révolue.

En plus de 10 ans, ce projet de PPAS a connu de nombreuses modifications. Il prévoit finalement un ensemble d’espaces dédiés à des barres de logement alignées le long de la Chaussée de Boitsfort et de la rue Ernotte, laissant à l’arrière un espace vert qui devrait devenir un parc public.

Le projet consiste maintenant à vendre ces espaces sous forme de lots pour y construire du logement moyen (un peu) et du logement au prix du marché (surtout).

Voici pourquoi ECOLO s’oppose au projet :

C’est un PPAS sans inspiration, d’un autre temps, là où l’on aurait pu proposer un éco-quartier dont les structures soutiennent le bien-vivre ensemble et la coexistence de logements, d’équipements et de nature.

Pas d’espace de rencontre

Par exemple, il est prévu de construire une barre à vocation mixte de 5 étages sur la « Plaine aux Corneilles », à la jonction de la Chaussée de Boitsfort et de la rue Ernotte. Cette barre vient fermer l’espace sur lui-même et isole l’espace vert entre les immeubles et la ligne de chemin de fer. Or, la Plaine aux Corneilles se trouve à la jonction de tous ces quartiers nouvellement bâtis et aurait pu être conçue comme un lieu de rencontre, de jeux et de convivialité.

La fin des potagers actuels

L’adoption du PPAS signe la disparition des potagers ouvriers tels qu’ils existent. Un patrimoine agricole, culturel, social et écologique qui s’est développé là depuis plus d’une centaine d’années. Même si des recommandations seront faites par la Commune pour que des éléments de potagers puissent être développés dans le nouvel espace vert, ces potagers futurs, redessinés et encadrés, n’auront plus rien à voir avec le site actuel.

Pas de rapport sur les incidences environnementales

Alors que le lieu est un réservoir écologique, la Commune n’a pas pris la peine de faire réaliser un rapport sur les incidences environnementales du projet, se basant sur des avis de commissions (environnement et aménagement du territoire) datant de 2005.
Mais, le projet a changé, le quartier a fortement évolué et la législation (COBAT) a été modifiée en 2010 !
Si la PPAS était introduit aujourd’hui, les nouvelles règles imposeraient probablement qu’une étude d’incidences soit menée en bonne et due forme. En outre, la non-réalisation d’une telle étude prive la commune d’informations essentielles à la bonne gestion du projet actuel. En effet, la Commune veut établir des recommandations pour qu’une biodiversité soit maintenue. Mais comment peut-on maintenir une biodiversité que l’on a pas pris la peine d’étudier, que l’on ne connait pas ? Comment peut-on même imaginer maintenir une même biodiversité en supprimant son support écologique ?

Pas de concertation

Mais l’élément principal qui justifie le NON des ECOLO tient à l’absence totale de concertation avec les habitants du quartier et les « potagistes« . Deux rencontres ont eu lieu il y a des années, bien avant que la version actuelle du PPAS ne soit élaborée. Depuis lors, toutes les demandes de rencontre faites par les exploitants des potagers sont restées lettre morte.
Face à la critique, l’Echevine en charge du dossier, a répondu lors du Conseil communal « quand il n’y a pas d’accord entre les parties, cela ne sert à rien de se rencontrer ». Au Moyen-Age peut-être mais, aujourd’hui, alors qu’il existe tant de services, d’outils de médiation permettant d’entendre les arguments des uns et des autres et de construire ensemble des propositions concertées, c’est particulièrement étonnant !

photo (c) film « Les Potagistes »