Budget 2012 du CPAS : les plus démunis mis en danger
Le 15 décembre dernier, le conseil communal adoptait le budget 2012 du CPAS. Vous trouverez ci-dessous l’intervention d’Ana Rodriguez, conseillère communale Ecolo, qui justifiait l’abstention du groupe.
Le groupe Ecolo s’abstiendra sur le budget du CPAS et ce pour plusieurs raisons. Les chiffres du budget lui-même ne nous posent pas de problème. Il a été établi en tenant logiquement compte des évolutions prévisibles en matière d’aide sociale, sur base des données 2011 et des demandes de la commune de respecter le plan de gestion.
Notre abstention n’est donc pas liée au montant de la dotation (22 092 570 euros) mais bien aux orientations politiques traduites par la répartition des moyens au sein du budget proposé. Ainsi l’évolution de l’aide médicale et le non-usage des fonds fédéraux et régionaux en énergie et eau, nous posent problème. Par exemple, pour l’énergie, « en date du 14 novembre 2011, seulement 199 318 euros sur les 351 600 disponibles ont été utilisés » ! Si les budgets 2011 et 2012 du fonds eau sont en augmentation, c’est grâce au fait que la région a triplé son intervention, ce qui a compensé la chute que nous avons subie suite à la non-utilisation des budgets disponibles en 2009.
Et pourtant, les circulaires ministérielles précisent que l’argent peut être utilisé pour des mesures préventives d’intérêt environnemental (entretien et réparation de chaudières, réparation de fuites d’eau, etc.).
La note de politique générale est claire et contient des infos intéressantes notamment sur les sources de financement du CPAS. Hélas, elle ne présente aucun contenu politique ni d’analyse des données sur base desquelles seraient proposées les politiques qui dépasseraient l’aide individuelle. On ne trouve pas les « défis » à relever face aux difficultés sociales qui se multiplient aujourd’hui. Ainsi, nous aurions aimé trouver une concertation entre le CPAS et la commune, ou au sein de la coordination sociale, pour des politiques telles que :
- la lutte contre les marchands de sommeil ;
- la prévention des expulsions ;
- la lutte contre les violences faites aux femmes ;
- la prévention des maladies sexuellement transmissible.
On ne trouve pas non plus d’indication sur les objectifs en matière d’insertion socioprofessionnelle.
Aucun soutien à la santé des plus démunis
La commune et le CPAS n’ont pas répondu à l’appel à projet de la Fédération Wallonie -Bruxelles sur les inégalités sociales de santé. Les graphiques de la note de politique générale traduisent aussi les mauvaises décisions prises quant à la carte médicale. Les dépenses des aides médico-pharmaceutiques diminuent ces dernières années car le CPAS a changé ses règles. Jusqu’en avril 2010, la carte médicale était délivrée à tout Ixellois ayant des ressources inférieures à 1,5 fois le revenu d’intégration sociale. Le but était de faciliter l’accès aux soins et d’éviter le report des soins dans les populations financièrement fragiles. La majorité au CPAS a hélas décidé qu’avec 11 euros disponibles par jour, une fois le loyer et les charges payées, une personne a suffisamment d’argent pour vivre et payer ses soins de santé (dans ces 11 euros disponibles sont compris toutes les ressources, y compris les allocations familiales s’il y a des enfants). Dès que cette limite est dépassée, le CPAS supprime la carte médicale, sauf demande de dérogation par l’assistant social.
Le CPAS d’Ixelles a décidé de restreindre l’accès aux soins alors que :
- les CPAS de tout le pays demandent une hausse des revenus de remplacement parce que le revenu d’insertion n’est pas un rempart suffisant contre la précarité et l’exclusion ;
- les enquêtes de santé publique soulignent que la pauvreté rend malade ;
- les inégalités sociales de santé vont en s’aggravant :
- un quart des ménages bruxellois dit avoir postposé ou renoncé à des soins pour raisons financières.
En pratique, les personnes qui ont de faibles revenus mais un logement bon marché sont privées de carte médicale sauf exception. Et cela sans considération pour l’âge des personnes. Nous craignons que ces restrictions à l’accès aux soins auront des conséquences très négatives et causeront des dépenses d’hospitalisation plus élevées quand ceux qui ne se seront pas soignés à temps par manque d’argent seront gravement malades.
Une politique plus humaine est indispensable
Nous sommes également inquiets quant à la politique du CPAS face à l’arrivée de plus en plus des personnes exclues du chômage et qui viennent solliciter l’aide du CPAS. En 2009, il y a eu 63 demandes d’aide suite à des sanctions chômage: 47 admissions et 16 refus. En 2010, 85 demandes, 48 admissions et 37 refus. Sur une partie de 2011 : 35 demandes, 26 admissions et 9 refus. Avec les mesures prises dans le projet gouvernemental, le nombre d’exclus du chômage ne pourra qu’augmenter et si le CPAS ne les aide pas, beaucoup de personnes vont se retrouver dans une situation de pauvreté extrême.
Pour terminer sur une note plus positive, le groupe ECOLO se réjouit de deux mesures :
- l’ouverture de la nouvelle maison de repos Van Aa et de la qualité du travail qui y est réalisé ;
- la mise sur pied d’un service de médiation et de gestion des plaintes du CPAS., un outil utile pour améliorer le fonctionnement du CPAS au bénéfice des usagers.
En conclusion, l’abstention du groupe Ecolo marque notre espoir que, dans l’avenir, le CPAS d’Ixelles aura à cœur de défendre les plus pauvres qui sont de plus en plus nombreux suite aux crises dues à un système économique et financier de plus en plus dur pour les plus faibles. Reprenant une belle formule, nous espérons que le CPAS d’Ixelles jouera son rôle pour humaniser l’Humanité.