La majorité conservatrice d’Ixelles entend réaménager 1,2 km de voiries entre la place de la Petite Suisse et le square du Vieux Tilleul. Sont concernées l’avenue Général Médecin Derache, la rue François Dons, l’avenue des Grenadiers et la place de la Petite Suisse. Uniquement dévolu à l’automobile, le projet est totalement rétrograde ! Les riverains s’y opposent.

Le projet :

L’aménagement proposé vise presque exclusivement à répondre à la problématique du stationnement automobile.
Pour ce faire, la Commune entend doubler l’offre de stationnement dans les avenues Derache et Grenadiers et dans la rue Dons (+ 170 voitures).
Comment ? En supprimant les 3/4 des arbres existants, en réduisant la largeur des trottoirs (en supprimant la bande de dolomie), en créant une berme centrale au milieu des avenues et en disposant 2 bandes de stationnement supplémentaires de part et d’autre de cette berme.

Visuellement, on transforme une rue locale en autoroute urbaine à 6 bandes de voitures (soit en stationnement soit en mouvement). La Commune dit s’inspirer du boulevard De Smet De Nayer à Jette. C’est oublier que celui-ci compte 10 mètres de plus en largeur (30 m contre 20) !

Pour le conseiller Yves Rouyet, « la majorité conservatrice d’Ixelles est connue pour son amour des voitures. Elle aime en placer partout où c’est possible, quitte à sacrifier les espaces piétons. Ici, elle nous propose une vision mono obsessionnelle du quartier, jusqu’à l’absurde. C’est tellement caricatural qu’on dirait un exercice théorique d’étudiant. Exercice qui consisterait à caser un maximum de voitures en un minimum d’espace en négligeant tous les autres paramètres de l’urbanité d’un lieu : l’habitabilité, la qualité des espaces publics, la sécurité routière, la composition urbanistique, la mobilité des autres modes de déplacement, etc. »

Lecture critique :

1. La Commune veut diminuer l’espace piéton par la réduction des trottoirs de 4m50 à 2m30 ;

2. La Commune veut diminuer les plantations puisqu’elle supprime environ 200 arbres pour n’en planter que 48 ;

3. Inconsciemment, la Commune dégrade la sécurité routière.
Si le projet prévoit la sécurisation de certains carrefours, entre ceux-ci la situation se dégrade. En effet, pour traverser les voiries, il faudra dorénavant franchir 4 murs de voitures garées pare-choc contre pare-choc entrecoupés de bandes de circulation (ce qui est impossible pour une PMR et particulièrement dangereux pour les enfants).

4. Les cyclistes sont également mis en danger puisque l’étroitesse des bandes de roulage ne permet pas la création d’une piste ou d’une bande cyclable. Les vélos devront longer dangereusement les portières des voitures…

5. La Commune dégrade les qualités paysagères des avenues puisque ces voiries locales résidentielles sont littéralement transformées en parking de supermarché. Le projet aura certainement un impact négatif sur la valeur immobilière des appartements qui bordent les voiries en question.

6. La présence d’une berme centrale rend très difficile les manœuvres pour rentrer dans les garages privés avec des risques réels d’accrochages. En outre, les voitures devant pénétrer dans un garage situé du côté opposé de la voirie devront rouler jusqu’au carrefour suivant pour faire demi-tour. C’est peu pratique et cela augmente les km parcourus donc la pollution et le bruit.

7. L’aménagement proposé de la place de la Petite Suisse est flou, voire médiocre.

8. Si le projet communal est réalisé, il constituera un dangereux précédent. Car toutes les voiries du quartier pourraient être transformées de la sorte. Ce serait fini du charme du quartier de l’Université.

Les habitants s’opposent

Le projet, imaginé par la Commune, a été présenté aux habitants à deux reprises en mai et juin derniers. Lors de la 1ère réunion, les habitants se sont totalement opposés à la mise en place d’une berme centrale et ont demandé à l’unanimité sa suppression pure et simple. Ils ont également demandé l’incorporation d’une piste cyclable sécurisée. Suite à ces réactions, les autorités communales ont promis de présenter un projet amendé. Et là, surprise, la nouvelle version ignore complètement la demande des habitants de supprimer la berme !

« Depuis, les habitants sont inquiets, voire désorientés. Ils se posent des questions par rapport au statut de ces réunions étant donné qu’aucune de leurs remarques ou suggestions n’ont été prises en considération », raconte la conseillère Zohra Chbaral qui habite rue des Grenadiers. « Certains m’ont contactés pour que nous les défendions. C’est ce qu’ECOLO fera en interpellant lors du prochain Conseil communal ».

Présent à la réunion d’information, le conseiller communal Jacopo Moccia témoigne, « Je suis un peu rassuré, malgré le manque de stationnement dans le quartier, les habitants ont rejeté en bloc le projet ».

ECOLO propose

• Que la largeur actuelle des trottoirs soit maintenue en remplaçant la dolomie par des dalles afin de réellement agrandir l’espace praticable par les piétons et réduire les crottes de chiens.
• Le remplacement des arbres actuels petits et malingres par de beaux sujets. Idéalement ces arbres seraient plantés entre les places de stationnement afin de structurer et donner de la majesté à la voirie (remarque : c’est possible sans perte de places de stationnement)
• Que l’on profite de la largeur de la voirie actuelle pour réaliser deux bandes cyclables sécurisées.
• Que l’aménagement de la place de la Petite Suisse fasse l’objet d’un concours d’architecture. Le concours ne serait organisé qu’à l’issue d’un processus participatif qui viserait à déterminer l’usage futur de cet espace.