La publicité commerciale au sein de l'Instruction publique
Interpellation au Conseil communal du 22 mars 2007
Monsieur le Bourgmestre, Madame l’Echevine de l’Instruction Publique, Mesdames et Messieurs les Echevines et les Echevins, Chèr-e-s Collègues,
Les écoles se trouvent une fois de plus sous les feux de la rampe ! Il ne s’agit pas cette fois de violence, de grève, d’innovation pédagogique ou de récupération communautaire intempestive. Non, vous l’aurez lu ou entendu, les écoles font l’objet de démarchages commerciaux et ce sont les élèves et leurs parents qui sont pris pour cibles.
_ Lorsque j’étais échevine de l’Instruction Publique, j’ai été plusieurs fois sollicitée par les directions au sujet de démarchages dans ou à la sortie de nos écoles. S’appuyant à la fois sur la loi – la loi du 29 mai 1959 en son article 41 interdit bien toute pratique commerciale dans les établissements scolaires – et sur notre souci de préserver les jeunes ainsi que de maintenir une cohérence dans l’ensemble des écoles organisées par notre Pouvoir Organisateur, le Collège avait décidé non seulement de refuser ce type de démarchages mais aussi de recommander la plus grande vigilance aux équipes éducatives. En effet, le commerce et la publicité pénètrent dans les établissements de manière le plus souvent insidieuse sous forme de jeux éducatifs, de documentation pédagogique, d’échantillons ou en faisant miroiter des rentrées financières non négligeables.
_ Et le problème se situe souvent à ce niveau! Nous le savons tous: malgré les efforts louables des ministres en charge de l’enseignement des deux dernières législatures, l’enseignement en Communauté française reste sous-financé. La tentation est donc grande de céder pour améliorer l’ordinaire et l’extraordinaire !
_ J’ai toujours pensé qu’en tant que P.O., nous avions également un devoir vis-à-vis de nos concitoyens, celui de participer à la garantie de la gratuité de l’enseignement. Des mesures ont été donc prises afin de compenser l’insuffisance des dotations du pouvoir subsidiant: augmentation généralisée du budget de l’enseignement tant pour le matériel pédagogique que récréatif et l’entretien et la rénovation des bâtiments, soutien financier aux projets pédagogiques, couverture sociale des dépenses liées aux repas, aux sorties et voyages scolaires et ce tous réseaux confondus.
_ Nous avions également assuré un système de vigilance performant via la cellule pédagogique et le groupe des directions dans le choix et la diffusion de l’information des projets pédagogiques proposés en nombre considérable par les opérateurs externes les plus variés.
_ L’incident récent relaté dans Le Soir du 15 mars dernier, concerne la proposition d‘une société bancaire. Celle-ci, dont je ne citerai pas le nom, proposait déjà l’an dernier un jeu et une visite guidée de l’agence locale aux classes de fin de primaire … tiens, tiens, n’est-ce pas à 12 ans que l’on peut avoir accès à un compte en banque personnel ?!?
Voici maintenant qu’elle propose aux établissements d’ouvrir un compte d’épargne au nom de chaque enfant pour constituer l’épargne destinée à couvrir les frais de voyage scolaire, ce qui certes pourrait faciliter la gestion de l’organisation de ces voyages mais serait surtout une manière de forcer la main aux parents, contraints d’accepter d’ouvrir un compte dans cette Banque-là. Et voilà comment on parvient à utiliser la caution de l’école pour se constituer de nouveaux clients !
Si le décret prévoit bien l’interdiction des ventes, il est plus flou sur le sujet des intrusions pégagogico-publicitaires.
La Ministre, aussi, a réagi en assurant que le travail législatif était en cours au parlement de la CF et qu’un texte clair viendrait bientôt soutenir les écoles et leurs P.O.
_ En attendant, les intrusions se poursuivent. Il me revient que des parents n’ont guère apprécié de trouver, dans le cartable d’élèves d’une de nos écoles, une invitation à participer à la récolte de points figurant sur des boîtes de céréales au miel ou au chocolat pour compléter des cartes permettant d’obtenir des modules de psychomotricité supplémentaires à l’achat d’au moins 3 de ces modules par l’école. Soit l’achat de 3 grands modules par l’école et d’au moins 300 boîtes de céréales par les parents pour obtenir 6 petits modules supplémentaires !
_ J’ose espérer que la série de mesures prises en concertation avec tous les acteurs de nos écoles se poursuivent. Il me semble également que le sujet constitue un bel objet de débat au sein de ce conseil et si je souhaite entendre l’avis du Collège et connaître la ligne politique qu’il a décidé d’adopter en la matière, il me semble tout aussi indispensable d’inviter l’ensemble des membres de ce conseil à débattre et à se positionner sur cette question d’ordre éthique. Là se trouve aussi notre devoir de P.O.
_ Je vous remercie.
Françoise Picqué