Budget 2008 : la Commune file dans le rouge
Le budget communal ne relève aucun défi que l’urgence sociale commande pourtant. Il ne révèle aucun projet porteur, dynamique, enthousiasmant. Il n’anticipe aucun enjeu environnemental, ni culturel, ni éducationnel, ni urbanistique.
Et pire que tout, ce budget ne présente aucune cohérence politique : tous les projets intégrés sont détricotés ou, à tout le moins, invisibles.
Les finances des communes bruxelloises vivent globalement des moments difficiles. Quelle que soient les majorités au pouvoir ! Schaerbeek, Forest, etc. sont sous plan d’assainissement et beaucoup d’autres municipalités s’y dirigent dangereusement dont la nôtre. Le phénomène est structurel. Il est la conséquence de décisions prises à d’autres niveaux de pouvoir que nous devons, ensemble, dénoncer. Et ce n’est pas une manière de se défausser car ce ne sont pas des martiens qui sont à la manœuvre aux niveaux régional ou fédéral mais bien nos amis, voire nous même. Vous plus souvent que nous d’ailleurs…
Qui en effet à l’étranger peut comprendre qu’une des communes les plus prisée d’une des régions les plus riches d’Europe, là où est situé le parlement européen est à ce point en difficulté financière. Nombreux sont les visiteurs à s’indigner de l’état des voiries, de la propreté, de la sécurité… sans s’interroger sur la part de leur participation aux frais de la collectivité.
On compte à Ixelles de nombreux fonctionnaires internationaux qui ne payent pas ou peu d’impôts locaux. Si on peut admettre que la frange la plus pauvre de la population – insolvable – ne peut pas participer à l’effort collectif, il est difficilement admissible qu’une partie de la frange la plus aisée élude également l’impôt. Faisant reposer sur la classe moyenne l’essentiel de l’effort.
Paradoxalement, lorsqu’on construit plus de 300 nouveaux logements dans le quartier Léopold, les rentrées nouvelles pour la Commune sont réduites à peau de chagrin. Car, en fait de nouveaux logements, il s’agit souvent de flat-hôtels déguisés, secondes résidences où résidence principale d’un fonctionnaire exempté d’impôt. C’est intenable.
De même, lorsqu’on réalise avenue de la Couronne des milliers de nouveaux m² de bureaux, c’est la Police fédérale qui s’y installe faisant gonfler la main morte.
Et pourtant, ces nouveaux habitants et travailleurs engendrent des frais pour la collectivité. Ils réclament, et c’est normal qu’on assure leur sécurité, que leur rue soit propre et éclairée, que des activités culturelles leur soient proposées, etc.
Il faut dénoncer ce scandale et exiger – c’est d’actualité – un refinancement des communes bruxelloises à hauteur de l’importance de la main morte.
A l’heure où certains parlent de régionalisation de la fiscalité et craignent un dumping fiscal. Il faut oser dénoncer l’incroyable injustice de la fiscalité intra régionale. Les communes riches peuvent se permettre de limiter les additionnel ou le précompte là où d’autres sont forcées de les maintenir élevés. Tous les habitants de Bruxelles ne sont pas égaux devant l’impôt et c’est inacceptable. Nous plaidons pour une régionalisation des additionnel à l’IPP pour davantage de solidarité entre les communes de première et de deuxième couronne. La balle est dans le camp du Ministre-Président.
On peut s’apitoyer sur son sort ou réagir. Nous demandons qu’à l’aube d’une Réforme de l’Etat qui risque de redistribuer les cartes fiscales en Belgique, la Commune d’Ixelles fasse très clairement entendre ses préoccupations qui sont celles de la plupart des autres communes bruxelloises. Nous déposerons une motion dans ce sens prochainement.
Manque de dynamisme politique
En attendant, il nous faut survivre. Et là, le Collège nous semble bien timoré.
Si Lapalisse avait été Echevin des Finances, il n’aurait dit autre chose : il faut augmenter les recettes et réduire les dépenses. Mais pas n’importe quelles dépenses !
Alors que c’est aux dépenses d’énergie qu’il faut s’attaquer, le Collège diminue encore le budget de la Culture (si, si c’était possible), de l’enseignement technique et professionnel, l’aide aux handicapés et les subsides à caractère sociaux (diminution de 20%).
Quant aux frais de personnel, priorité du Collège, l’Echevin des Finances semble en échec.
Et pourtant la restructuration de l’administration communale est vitale. La commune a pour vocation de rendre un service le plus performant possible. Sinon les tentations seront grandes de privatiser des pans entiers de l’administration, ce que nous réprouvons.
Mais, au lieu de se donner comme objectif bête et méchant le non remplacement d’agents, ce qui s’avère délicat pour certains services et infructueux, c’est une restructuration complète que nous attendons.
Quant aux recettes, l’Echevin des Finances a été forcé – contrairement à ses promesses électorales – à maintenir les taux de précompte et d’additionnel.
La déclaration de politique générale faisait état de fiscalité environnementale dont on ne voit rien venir mis à part la taxe sur les imprimés publicitaires. Un bon point, mais on aurait préféré qu’en parallèle on n’autorise pas des bâches publicitaires de 20 m² sur les immeubles.
Le Collège fait preuve de peu d’initiative dans la recherche de subsides européens. Nous disposons d’un échevinat de l’Europe dont j’aimerais connaître le bilan. Car jusqu’à présent je n’ai vu que des réceptions et des concerts de noël. Alors que la Mairie de Lille nous offrait sur un plateau d’argent de participer au réseau Interreg avec près d’un million d’investissement à la clé et la possibilité de financer du personnel.
Enfin, il faut absolument creuser les économie d’échelle possible par une politique de concertation transfrontalière avec les communes voisines.
Le budget invisible
Et puis, il y a tout ce qu’on ne trouve pas dans le budget, dont l’égalité des chances. Après avoir supprimé le Mois de la Culture des Femmes, le Collège nous avait promis de faire amende honorable en créant un Echevinat de l’égalité des chances. Mais sans le moindre euro, on voit mal ce que le nouvel Echevin pourra bien entreprendre de spectaculaire.
Et il y a aussi tout ce qui ne se traduit pas en chiffres mais qui est tellement révélateur d’une certaine orientation politique : immobilisme en mobilité, relation dégradées avec les associations, avec les écoles et leurs responsables, le journal communal…