Bilan et perspectives de l’asbl Viaduc et du bâtiment sis 133 rue du Viaduc

Publié le 19 mars 2007
Rédigé par 
webmaster

Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevin-e-s,

Le dossier de base préalable au Contrat de Quartier Blyckaert – Matonge avait insisté sur l’importance de développer dans le quartier une dynamique positive de cohésion sociale.
Ce diagnostic était justifié, d’une part, par les très vives tensions qui existaient alors à Matonge et, d’autre part, par la richesse du tissu associatif et culturel du quartier qu’il était pertinent de mettre en réseau. L’idée retenue dans le cadre du volet 5 du Contrat de Quartier fut d’acquérir l’immeuble situé au 133 de la rue du Viaduc et d’y mettre en place une dynamique urbaine participative concrétisée par la création d’une asbl socioculturelle dénommée « Le Viaduc asbl » L’objectif de cette ASBL était de favoriser et de renforcer la développement culturel, social – voire économique – de ce quartier en apportant un soutien aux projets des habitants et des organisations de la société civile.

L’originalité du projet résidait donc dans son caractère participatif En effet, la destination du lieu devait être définie par et au bénéfice des habitants et des associations du quartier, en partenariat avec les pouvoirs publics. Dans cette optique, le CA et l’AG de l’asbl furent constitués en partie de représentants de la Commune (la présidence étant assurée par le Bourgmestre), en partie de la société civile (habitants et associations).

Quel bilan tirer des activités de l’asbl alors que s’achève le Contrat de Quartier ? Plus que mitigé.

Côtés positifs :
1. La mise à disposition de locaux pour des associations et les artistes qui en manquaient cruellement alors que le quartier connait une hausse de l’immobilier et donc une raréfaction des espaces disponibles. Même si les critères d’attribution des locaux étaient peu clairs…
2. Une bonne collaboration avec le Service de la Culture d’Ixelles puisque l’asbl a participé activement à certains projets culturels majeurs comme Ixelles, Ma découverte, Les Journées du Patrimoine, Le Mois de la Culture des Femmes, Le Festival du Court Métrage, les ateliers de l’Infini Théâtre, etc.

Côté plus déjà plus décevant :
1. Le manque de vision prospective sur les besoins du quartier (malgré un inventaire) ;
2. L’absence d’initiatives originales pouvant rencontrer ces besoins (on pouvait à ce titre judicieusement s’inspirer d’une association comme Recyclart dans les Marolles) ;
3. La mise en place d’activités concurrentielles (et donc redondantes) avec certaines déjà pratiquées par le tissu local ;
4. Une cohabitation difficile entre les différentes composantes de l’institution et entre certaines composantes de l’institution et la direction de l’asbl.

Fin novembre 2006, il fut proposé à l’Assemblée Générale par le Président la dissolution pure et simple de l’asbl. La proposition fut rejetée. Vote qui témoigne de l’attachement de la société civile à cette expérience, aussi perfectible soit-elle.
En ce début d’année 2007, comme on pouvait le craindre, tout a basculé : la composante communale de l’asbl a démissionné, Président en tête ; le personnel de l’asbl a été repris par la Commune et l’asbl Viaduc est priée de quitter le bâtiment 133 rue du Viaduc.
Le motif invoqué par le Président pour, dans un premier temps, proposer la dissolution et, dans un second temps, en désengageant la Commune : la fin du Contrat de Quartier qui signifie la fin de la subsidiation régionale et donc la fin de la mission de l’asbl dont l’objet n’aurait été que de percevoir et gérer cette manne financière.

Ainsi donc, pour Monsieur le Bourgmestre, l’asbl n’aurait été qu’une sorte de « boite aux lettres » chargée de percevoir des subsides et mise à mort dès que la Région avait payé l’acquisition du bâtiment et que le Contrat de Quartier se terminait…
C’est inacceptable ! Pour nous, l’asbl Viaduc représentait bien plus que cela. Il s’agissait avant tout d’un projet participatif, rassemblant les forces vives du quartier en matière socioculturelle (en ce compris donc la Commune mais pas uniquement) destiné à définir ENSEMBLE un projet pour le quartier, dans un exercice novateur de cogestion. Le processus s’inscrivait dans le cadre d’un rapport de confiance entre les pouvoirs publics et les citoyens et dans une vision postmoderne de la société axée sur les principes d’une nouvelle gouvernance, loin d’une relation de subordination entre un pouvoir public et ses administrés.
C’est là, nous semble-t-il, trahir l’esprit du volet 5 des Contrats de Quartier dont l’objectif est de mettre en place des structures citoyennes à pérenniser au-delà des 4 années. Ce n’est pas de l’argent destiné à acquérir une propriété pour la Commune mais bien un levier pour que les habitants et associations d’un quartier puissent se prendre collectivement en main. C’est ça la cohésion sociale !

Car aujourd’hui que nous propose-t-on ? Une gestion d’une propriété communale de type « court de tennis » : une simple location de locaux à des tarifs inaccessibles pour bon nombre d’associations.
Où est le projet fédérateur d’un quartier ? Où est le lien social ? Où est la volonté de participation ?
Comment justifier une telle trahison du projet, si ce n’est par une volonté du pouvoir communal de mieux contrôler les activités qui se dérouleront au 133 ? Quel est le projet culturel communal pour le lieu (j’aimerais entendre la vision de l’Echevin de la Culture à ce sujet) ?

Une autre piste était possible : si le Collège voulait réellement pérenniser l’asbl et poursuivre le projet participatif, il pouvait détacher des membres de son personnel auprès de l’asbl. Cela s’est déjà fait par le passé.

Aujourd’hui, faute d’être parvenu à dissoudre l’asbl Viaduc, la Commune l’asphyxie. Elle devra, en effet, poursuivre ses activités sans personnel, sans locaux, sans subsides, sans mobilier, avec une dette, avec une situation peu claire en matière de facture de téléphone à partir du 1er janvier 2007 et un contrat aventureux pour la location d’une machine à snacks…

A ce propos, soyons de bon compte, lors de l’AG de l’asbl Viaduc de ce mercredi 17 janvier, Monsieur le Bourgmestre a pris plusieurs engagements :
– éponger par un prêt la dette de 11.000€ que l’asbl doit à l’ONSS (en contrepartie de la cession a titre gratuit du mobilier de l’asbl à la Commune)
– charger le Service juridique de la Commune de faire une proposition à l’entreprise qui a installé la machine à snacks pour dédommagement de 9.000€ en cas de rupture de contrat. Le contrat signé avec l’entreprise dépassant la date du contrat de quartier…
– prendre en charge à partir du 01/01/07les frais de téléphone, de fax et de la ligne adsl que les anciens travailleurs de l’asbl continuent d’utiliser.

Lors de l’intronisation du nouveau Collège en décembre dernier, Monsieur le Bourgmestre avait déclaré vouloir faire de la participation un de ses chevaux de bataille. Nous nous en réjouissions car nous ne lui connaissions pas cette fibre citoyenne. Il nous faut dès aujourd’hui malheureusement déchanter…

En vous remerciant pour votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les Echevin-e-s, à l’expression des mes sentiments les plus respectueux.

Yves ROUYET
Conseiller Communal